RÉSOLUTION RELATIVE A LA QUESTION: «LE VATICAN ET L’ÉGLISE ORTHODOXE»

La Conférence des Chefs et des Représentants des Eglises orthodoxes autocéphales, ayant pris connaissance des exposés suivants: «La Papauté et l’Eglise orthodoxe», «L’attitude du Vatican à l’égard des Eglises orthodoxes slaves, pendant ces trente dernières années», «Le Vatican et l’Eglise Orthodoxe», et «L’Eglise Romaine et l’unité de l’Eglise du Christ», en est venue à conclure que la Cure Romaine, ayant à sa tête l’Evêque de Rome, pendant de longs siècles, comme l’ont écrit autrefois les Pères du Concile d’Afrique au Pape Célestin, sous l’influence «de l’arrogance séculière, pleine de fumée» et pour d’autres raisons purement humaines, a dénaturé la vraie doctrine de l'Evangile, reçue du Seigneur par l’intermédiaire des Saints Apôtres, ces «trompettes du St. Esprit» (1er Canon du VIIème Concile Oecuménique). Dédaignant l’ordre formel des Pères du VIème Concile oecuménique, «de garder la foi que nous avons reçue de témoins oculaires et des serviteurs du Verbe, les apôtres élus par Dieu, intacte des innovations» (1èr Canon du VIème Concile Oecuménique; comp. le 1èr Canon du VIIème Concile Oecuménique), les Evêques Romains ont violé la pureté de la doctrine de l’Orthodoxie Antique et Universelle, par des dogmes nouvellement introduits sur le «Filioque» et l’immaculée Conception de la Mère de Dieu et, surtout, par la doctrine qui est tout à fait antichrétienne sur l’autorité du Pape dans l’Eglise et sur son infaillibilité.

Par suite de cette innovation antichrétienne, les Evêques de Rome ont causé un tort énorme à l’unité de l’Eglise Universelle du Christ et, en général, à l’oeuvre du salut des hommes sur la terre.

Les Pères du VIème Concile Oecuménique (1èr Canon du VIème Concile Oecuménique) prévoyant le tort énorme que peuvent causer à l’Eglise des innovations dogmatiques — «Ont résolu formellement de n’ajouter quoique ce soit, ni de soustraire», aux dogmes sacrés, qui ont été proclamés aux six Conciles oecuméniques (comp. le 1èr Canon du VIIème Concile Oecuménique). C’est pourquoi, ce n’est pas nous, mais ce sont les pieuses bouches des Pères des Conciles oecuméniques qui prononcent actuellement la condamnation de la papauté de Rome pout tous les dogmes romains, nouvellement proclamés. Car ces dogmes sont des inventions purement humaines, qui ne sont fondées ni sur les Saintes Ecritures, ni sur la Sainte Tradition, ni sur la littérature patristique, ni même sur l’histoire de l’Eglise.

Notre présente décision qui condamne la Papauté, n’est pas accidentelle, mais elle découle des principes les plus fondamentaux de l’Orthodoxie Antique et Universelle, exprimés dans le Canon bien connu de Vincent de Lirins: «Id teneamus quod semper, quod ubique, quod ad omnibus creditum est» — «Nous gardons ce en quoi tous ont cru toujours et partout».

Notre décision n’est pas une chose nouvelle, elle ne fait que répéter la confession des Patriarches d’Orient. En 1723, ils écrivaient: «Aux éminents Archevêques et évêques de Grande-Bretagne» «Nos dogmes et la doctrine de l’Eglise d’Orient ont été examinés depuis longtemps, définis exactement et pieusement ratifiés par les Saints Conciles Oecuméniques. Il n’est pas permis d’y ajouter ou d’en soustraire quoique ce soit». (Lettre des Patriarches de l’Eglise Catholique d’Orient au sujet de la Foi Orthodoxe»).

Dans leur Epître régionale à l’occasion de l’encyclique du Pape Léon XIII sur l’Union des Eglises (1894) les Patriarches d’Orient confirment encore plus nettement leur fidélité aux traditions de l’Eglise Orthodoxe Universelle. «Et nous transmettrons la Foi sacréeaux générations à venir, que nous avons reçue sans aucun changement, afin qu’eux aussi, comme nous, puissent parler sans honte, et sans reproche de la foi de leurs ancêtres».

L’oubli par le Vatican des traditions de l’Orthodoxie Oecuménique a conduit la barque de l’Eglise Catholique Romaine dans l’ambiance du papisme antichrétien et étranger à l’Eglise du Christ.

Comme il est connu, l’essence du papisme s’exprime non pas seulement dans l’altération de l’authentique Orthodoxie Oecuménique en y apportant de tels dogmes nouvellement créés, comme l’enseignement sur la Suprématie du Pape dans l’Eglise et son infaillibilité. Toute l’histoire du papisme clame devant la Justice Divine pour la déformation papiste de l’enseignement du Nouveau Testament sur l’Eglise du Christ. Du corps mystique du Christ, de «la colonne et l’appui de la Vérité», «l’Eglise de Dieu Vivant» (I Tim, 3, 15) est transformée par les papistes en une organisation temporelle et politique. Au cours de longs siècles et jusqu’à nos jours le papisme par les guerres sanglantes et toutes sortes de violences, s’appliquait à convertir les orthodoxes au catholicisme soit directement, soit par «L’union». Par exemple, comme ce fut le cas des Roumains en Transylvanie en 1700, des Bulgares en Turquie en 1859—60, et au cours de la dernière guerre — des 340.000 Serbes, Albanais et Croates, ainsi qu’en Tchécoslovaquie, Pologne, Ukraine, et Russie Blanche.

Pour les évêques de Rome ces rois de l’Etat temporel («patrimonium Sancti Pétri») la politique était toujours «suprema lex». Ils étaint toujours du côté des puissants de «ce monde» et allaient contre les faibles et les exploités. De même que maintenant — l’activité du Vatican est dirigée contre les intérêts des travailleurs. Le Vatican, c’est le centre des intrigues internationales contre les intérêts des peuples, surtout des peuples Slaves, le centre du fachisme international. L’essentiel de la morale chrétienne est l’appel de notre Sauveur à la charité (Jean, XIII, 34—35), tandis que le Vatican est, au contraire l’un des instigateurs de deux guerres impérialistes et prend actuellement une part très active à l’instigation d’une nouvelle guerre et, en général, à la lutte politique contre la démocratie mondiale.

Fidèles aux traditions de leurs prédécesseurs, de même les Papes des XIXème et XXème siècles, se sont adonnés à un tel point aux tendances séculière, qu’ils ne se gênent plus de se présenter devant l’opinion publique du Monde Chrétien, en qualité d’hommes politiques.

Même les écrivains catholiques qui sont les partisans acharnés de la grandeur des Papes, disent de Pie XII qu’il est un diplomate très adroit et l’appellent «le Pape politique» (Gabriel Louis Jarain. «S. S. Pie XII. Epitre au monde en temps de guerre». Paris, 1945).

Par conséquent, la vertu du «vicaire infaillible de Dieu sur la terre», le Pape Pie XII est aux yeux de ses admirateurs, son activité politique, c’est-à-dire, sa participation à l’instigation des guerres fratricides, sa lutte contre la démocratie et sa défense du fascisme.

Tout l’Univers Chrétien et tous les vrais fidèles catholiques doivent comprendre dans quel gouffre les mène la papauté actuelle.

Tous les chrétiens, sans égard à leur nationalité ou à leur confession, ne peuvent ne pas stigmatiser pour cela la politique du Vatican, comme antichrétienne, antidémocratique et antinationale.

Nous prions avec ferveur le Pontife Suprême, notre Seigneur Jésus Christ, afin qu’il éclaire par la lumière de Sa Doctrine divine la hiérarchie catholique et l’aide à comprendre dans quel gouffre de péchés ils sont tombés, dans quel gouffre ils ont fait tomber l’Eglise d’Occident en inventant une nouvelle doctrine sur la Suprématie et l’infaillibilité du Pape ainsi qu’en profitant de l’Eglise dans l’intérêt de la lutte politique.

+ Alexis, par la Grâce de Dieu, Patriarche de Moscou et de toutes les Russies.

+ Callistrate Patriarche—Catholicos de toute la Géorgie.

+ AEM le Patriarche de Serbie Gabriel.

+ Justinien, par la Grâce de Dieu, Patriarche de Roumanie.

+ Stéphane, Exarque de Bulgarie.

Au nom de l’Eglise d’Antioche: Le Métropolite d’Emèse Alexandre. Le Métropolite du Liban Elie.

Au nom de l’Eglise d’Alexandrie [1]: Le Métropolite d’Emèse Alexandre. Le Métropolite du Liban Elie.

Au nom de l’Eglise Orthodoxe Autocéphale de Pologne: + Timothée, archevêque de Belostok et de Béla.

Au nom de l’Eglise Orthodoxe d’Albanie: + L’évêque de Kortcha Païssy.

+ L’Exarque du Patriarche de Moscou en Tchécoslovaquie Eleuthère, archevêque de Prague et de Tchéquie.

Moscou, le 17 Juillet 1948.

[1] Sa Béatitude le Patriarche Christophe a fait-représenté l’Eglise d’Alexandrie par la délégation de l’Eglise d’Antioche.

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